Les rencontres de cornemuses landaises d'Astaffort

10 novembre 1996
01m 43s
Réf. 00017

Notice

Résumé :

Astaffort accueille les Rencontres de cornemuses landaises qui réunissent, chaque année depuis 1992, des musiciens passionnés par cet instrument traditionnel gascon.

Date de diffusion :
10 novembre 1996
Source :

Éclairage

La cornemuse landaise (bouhe, du gascon bohar = souffler) fut longtemps un des instruments de base (avec la flûte à trois trous et le tambourin à cordes nommé toun-toun en gascon, et le fifre pour les processions) de la vie populaire des Landes de Gascogne avant le boisement, comme en attestent les photographies de Félix Arnaudin et de Bernède au XIXe siècle. Au début du XXe siècle, elle fut concurrencée par la vielle à roue puis par l'accordéon après 1920.

Très légère, elle comprend une poche ou sac (en peau d'agneau ou plus souvent de chèvre, retournée avec les poils à l'intérieur), un tuyau pour y insuffler de l'air (porte-vent ou bohet), un ou deux bourdons qui produisent un son continu. Ici, 2 tuyaux mélodiques sont percés sur une même pièce de bois (pihet) : l'un comporte des trous, l'autre est un tuyau d'accompagnement accordable, grâce à une pièce de bois coulissante (brunider). L'anche simple est en roseau (souvent de nos jours en carbone), le bois utilisé le cerisier ou le buis, après au moins 4 ans de séchage.

Dans les années 1970, quelques jeunes musiciens s'intéressent à cet instrument, en sauvant de la perte quelques cornemuses, en les restaurant et en recueillant des témoignages sur la pratique et le répertoire. Des modèles un peu modernisés sont conçus, par exemple par Alain Cadeillan dans le Lot-et-Garonne.

Un réseau de fervents de cet instrument s'est constitué depuis la fin des années 1980 : une association animée par Yves Pouységur est créée en 1993, les Bohaires de Gasconha, qui compte 160 adhérents, produit des éléments de répertoire et édite une méthode (livre/CD).

Des Rencontres de cornemuse landaise sont organisées dans les années 1990 à Astaffort (Lot-et-Garonne, en bordure des Landes), dans les locaux d'une ancienne école, où plusieurs générations peuvent échanger leurs expériences, comme par exemple, Yan Cozian et son jeune fils François. Yan monte Big Boha Band, un groupe de 11 instrumentistes ; il deviendra en 2001 professeur au Conservatoire des Landes, où l'on enseigne la cornemuse, et d'autres instruments traditionnels landais (vielle à roue, accordéon diatonique, flûtes traditionnelles, caremère [1]). Un groupe en est l'emblème : l'Ensemble Départemental des Musiques Traditionnelles.

Des ateliers de facture instrumentale assurent la production d'instruments neufs, comme à Saint-Lon-les-Mines (Cozian-Saintorens) et à Toulouse (Bernard Desblancs & Robert Matta) où ont lieu des stages au Centre Occitan des Musiques et Danses Traditionnelles.

Un colloque national sur la cornemuse landaise a eu lieu à l'Abbaye d'Arthous les 20 et 21 mai 2006, avec des contributions sur l'organologie, l'histoire, l'iconographie, la linguistique, la pratique instrumentale et le jeu routinier. À cette occasion, près de 100 bohaires (sonneurs) venus de la France entière ont joué ensemble.

Selon le mot de Bernard Desblancs "il faut toujours garder en mémoire ses origines, savoir d'où l'on vient".

[1] Famille des chalumeaux. A l'image d'une petite clarinette, elle est constituée de trois parties distinctes : une anche simple, un tuyau mélodique et une corne comme résonateur.

Hubert Cahuzac

Transcription

Présentatrice
Petit voyage dans le temps dans le village d’Astaffort en Lot et Garonne avec les quatrièmes rencontres de cornemuse landaise. Un instrument du siècle dernier. Témoignage de la culture gasconne, Caroline Pham, Benoît Morin.
(Musique)
Journaliste
On les appelle les souffleurs de Gascogne, Los Bohaires de Gasconha. Une association de musiciens animés par une passion peu banale. La cornemuse est un coup de cœur qui trouve ses racines dans la culture gasconne.
Bernard Desblancs
C’est une sorte de coup de foudre parce que je crois que la musique qu’on pratique c’est d’abord l’instinct, le plaisir du son, de la musique. Après le fait qu’on ait choisi cette cornemuse spécifique, c’est qu’elle est de notre région. Elle joue la musique aussi de notre région.
Yan Cozian
La particularité c’est que le bourdon qui donc est un tuyau qui fait un son continu est sur la même pièce de bois. On a l’habitude de voir les Ecossais avec leur tuyau sur les épaules. Là le tuyau est sur le côté et le tuyau sert à faire une mélodie, un rythme, un rythme mélodique en même temps.
Journaliste
Une passion qui se transmet de génération en génération, François suit les traces de son père. Ça fait longtemps que tu joues de la cornemuse ?
François Cozian
Oh oui ! Ça fait à peu près neuf mois, mais je me suis bien remis avec mon père depuis deux semaines.
Journaliste
Qu’est-ce qui te plait dans cet instrument ?
François Cozian
Oh ! C’est beau, et puis voir mon père jouer comme ça, c’est bien. J’ai l’impression que j’y arriverais un jour. Je pense que je vais y arriver !
(Musique)