Focus : La traversée des Pyrénées lors de l'exil des républicains espagnols

 

 

La Retirada

La guerre d’Espagne provoque le départ de plusieurs vagues de réfugiés vers la France, de 1937, lors de la conquête du pays Basque par les troupes du général Franco, jusqu’en 1939 après la chute de Barcelone qui sonne le glas de trois années de guerre civile. En quinze jours, un exode sans précédent voit un demi million de personnes – 200 000 combattants républicains et 300 000 civils – franchir dans des conditions terribles la frontière des Pyrénées où rien n’est prévu pour les accueillir. Les soldats sont désarmés, internés dans des camps de fortune sur les plages d’Argelès, du Barcarès, de Saint-Cyprien, puis à Gurs dans la montagne Pyrénéenne. Les femmes et les enfants sont répartis dans des centres d’hébergements improvisés à travers toute la France.

Deux grands photographes, Robert Capa et David Seymour, ont saisi le moment du passage de la frontière de soldats républicains et de civils espagnols entourés de gardes mobiles et leur transfert vers des camps. Ils rendent compte par leurs images de toute la dureté de l’exil.

La bande son du diaporama est, elle, un extrait d'un entretien réalisé le 18 juin 2009 à Libourne par le Rahmi et l’Association des retraités espagnols et Européens de la Gironde. Léontine Arenas est née en 1921 à Barcelone. Elle a 15 ans quand la guerre civile éclate et 17 ans quand elle fuit l’Espagne avec sa famille pour la France. Dans cet extrait elle raconte le départ pour la France, le passage de la frontière, l’arrivée en France. L'intégralité de l'entretien audio est également disponible sur notre site Internet. Léontine Arena y revient sur l’installation de sa famille en France, sur leur vie pendant la Deuxième Guerre mondiale où, en 1940, après la défaite, son père et son frère rejoignent le maquis. Après la guerre, ne pouvant retourner en Espagne, la famille décide de rester en France.

Les photographes

Robert Capa est né à Budapest en 1913. Après des études de sciences politiques à Berlin, il travaille comme photographe pour l'agence Dephot. En 1934, il émigre à Paris et participe à la création de l'agence Alliance Photo. Son reportage sur la guerre civile espagnole lui vaut une renommée internationale. Il voyage ensuite en Chine, en 1938, et émigre à New York l'année suivante. Il photographie la Seconde Guerre mondiale en Europe pour le magazine Life et se rend en URSS avec John Steinbeck en 1947. En 1951 il est nommé président de Magnum. En 1954, il part photographier la guerre en Indochine, où il est tué par une mine près de Thai-Binh ( Viêt-Nam).

David Seymour est né à Varsovie en 1911. Après des études de graphisme en Allemagne puis de chimie de l’encre d’imprimerie à Paris, il travaille comme photographe indépendant pour la presse à Paris sous le nom de Chim. Dès 1934, ses images paraissent dans le journal Paris-Soir et dans le magazine Regards. Grâce à l’agence Alliance et à Maria Eisner, il rencontre Henri Cartier-Bresson et Robert Capa. Il part ensuite en Espagne couvrir la guerre civile puis au Mexique avec un groupe d’émigrés républicains pour le compte de Paris-Match. Lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate, il s’installe à New York. En 1947, il co-fonde l’agence Magnum avec Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, George Roger et William Vandivert. Après la mort de Robert Capa en 1954, il devient président de Magnum. Il meurt le 10 novembre 1956, lors d’un reportage sur la crise du canal de Suez.

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La retirada

Le programme de collecte d’archives orales

L'entretien a été réalisé dans le cadre d’un programme de collecte d’archives orales en Aquitaine qui s’est déroulé de 2007 à 2010. Il est né de la volonté de recueillir la mémoire d’immigrants et de faire de cette mémoire orale une source à part entière de l’histoire et de valoriser l’apport de l’immigration à l’histoire nationale et à la mémoire collective. Afin de rester dans des objectifs réalistes, ce programme s’est constitué autour quatre projets liés à quatre communautés de migrants : espagnols, portugais, sénégalais et marocains. Il est apparu très vite qu’il était important de choisir une thématique transversale pour les quatre groupes afin, notamment, de sortir de l’écueil d’une histoire qui ne reflèterait que le point de vue d'une seule communauté. La thématique retenue a été celle de l’engagement. Pour les Espagnols, l’engagement de républicains espagnols immigrés en France dans la Résistance.
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