Les riches heures de la polyphonie

Comme forme musicale, la polyphonie séduit. Comme performance humaine, elle fascine. Toutefois, si la musicologie la regarde comme une construction musicale extraordinaire, liée à l’écrit musical, dans les traditions populaires elle est chose relativement courante, notamment dans le piémont pyrénéen gascon et basque. Là, elle s’impose à tous, des messes dominicales jusqu’aux fêtes patronales. Autour d’une table ou au café, en famille ou entre amis, elle est l’affaire de tous : hommes et femmes, petits et grands.
La polyphonie se (re)crée sans cesse à la croisée de l’humain et du musical. Miroir du groupe ou de la communauté, elle répond aux règles héritées d’un savoir-vivre ensemble. Elle s’exprime aussi selon une grammaire musicale. Une voix à l’aigu et/ou dans le grave, utilisant des procédés universels – voix parallèles ou bourdons – qui peuvent être associés, sont produites à partir d’un chant préexistant. Entendre deux à trois voix est toutefois fonction du contexte : de la présence de chanteurs aux capacités vocales nécessaires, capables de « trouver » haute et basse, de leurs affinités, de l’heure et du lieu de la performance, de la convivialité du vin…