Le concours landais lors des fêtes de Dax

13 août 2003
02m 33s
Réf. 00324

Notice

Résumé :

Les fêtes de Dax s'ouvrent traditionnellement par le concours landais. Dans les arènes, sauteurs et écarteurs tentent d'esquiver une vache lancée à 40km/h, au risque de tomber et de se blesser. La course landaise, pratiquée dans les Landes et le Gers, compte chaque année de nouveaux adeptes, comme l'explique le directeur de l'école taurine, Philippe Descazeaux.

Date de diffusion :
13 août 2003
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Éclairage

Le concours landais de Dax, autrement appelé "Coupe tauromachique de la ville", constitue certainement, en dehors du Championnat de France, la plus importante des compétitions pour les écarteurs et les sauteurs. Depuis 1955, il réunit en effet l'élite des hommes et des bêtes devant un public des plus connaisseurs et des plus exigeants qui remplit souvent en totalité les 8 200 places des arènes. Cette compétition ouvre désormais traditionnellement les Fêtes de Dax, au terme d'une journée landaise permettant notamment aux nombreux touristes de découvrir quelques facettes de la culture et des traditions gasconnes.

Mais le concours n'est ici qu'un prétexte pour présenter de manière plus générale la course landaise et ses acteurs, véritables "gladiateurs" des temps modernes. Dépassant une vision folklorique dont les échassiers sont toujours une image forte, le reportage met en avant d'une part l'aspect sportif, rude et dangereux, de cette discipline, mais également son ancrage dans la culture profonde de la région.

Claude Lagarde, champion de France des sauteurs en 1992, insiste sur la dangerosité des vaches : tout au long de leur carrière, qui peut durer une dizaine d'années, elles apprennent en effet toutes les ficelles du jeu et acquièrent parfois, au fil des courses, un certain nombre de vices afin de remporter leur duel contre les hommes.

Philippe Ducamp, lui aussi ancien champion de France des sauteurs, traumatologue du sport et médecin fédéral, évoque de son côté la rudesse des chocs et des traumatismes auxquels sont confrontés les acteurs de la course landaise. Comme pour les accidentés de la route, toutes les parties du corps peuvent être atteintes, avec une prépondérance pour le thorax, les membres supérieurs et les membres inférieurs. La vitesse et la puissance de la vache, véritable athlète, et l'absence de protection du corps des hommes expliquent en grande partie la violence des chocs, qui peuvent s'avérer mortels, comme ce fut le cas pour Jean-Pierre Rachou, dans ces mêmes arènes de Dax, le 10 août 2001.

Philippe Descazaux, enfin, ancien grand écarteur devenu directeur et moniteur de l'Ecole taurine, inscrit la course landaise dans une culture locale très profonde. Cette Ecole, qui fonctionne à Pomarez depuis 1976, permet de former sur deux années des jeunes désireux de pratiquer ce sport, et grâce à ses courses de promotion elle peut susciter des vocations auprès de garçons et même parfois de filles (Elodie Poulitou par exemple). Ces adolescents, s'ils sont souvent d'une famille d'acteurs de la course landaise, sont avant tout originaires des zones où on la pratique régulièrement (les Landes, le Gers, et dans une moindre mesure les Pyrénées-Atlantiques). Ils ont baigné depuis leur enfance dans cette ambiance festive particulière dont la course landaise a été et reste encore dans beaucoup de villages un des moments forts de la vie collective.

François Bordes

Transcription

Présentatrice
La fête bat son plein à Dax depuis hier soir. Les courses landaises ont ouvert les festivités. C’est une tradition bien ancrée, celle des sauteurs et des écarteurs, une discipline extrêmement technique mais aussi très dangereuse. David Basier et Bernard Bonnarme.
Journaliste
Des foulards rouges. Dax ouvre ses 6 jours et ses 6 nuits de féria comme Pampelune, comme Bayonne, diraient les mauvaises langues. Mais à Dax, la particularité c’est qu’on est landais. Un Landais, c’est capable de transpirer sous une peau de bête par temps de canicule et ça aime aussi se faire des sueurs froides.
(Bruit)
Journaliste
Une vache lancée à 45 km/h qu’il faut éviter au dernier moment par un coup de rein. La féria de Dax s'ouvre toujours par son concours landais, une discipline peu connue pratiquée seulement dans les Landes et dans le Gers. La vache est accrochée par une corde qui peut, lorsqu’on la tire, éviter le choc. Mais à force de course, les vaches connaissent les ficelles des hommes.
Claude Lagarde
Si elles font une carrière dans la piste, ça veut dire tout simplement qu’au bout d’un certain temps, elles s’habituent, elles prennent du vice, elles savent comment il faut prendre l’écarteur. Alors, elles sont très, très vicieuses. Si elles ne peuvent pas prendre avec les cornes, elles vont essayer avec les pattes, avec l’épaule. Elles vont mettre tout ce qu’il faut en manœuvre pour essayer de prendre l’homme.
Journaliste
Tellement vicieuses, ces vaches, que chaque concours landais comporte ses tumades comme on dit ici ; pour qualifier les traumatismes que provoque un choc entre un homme et 400 kg de muscles.
Philippe Ducan
Les chocs sont très impressionnants mais aussi, des fois très graves ; et je dirais, dignes de l’accidentologie routière. La course landaise est un sport hautement traumatique. A ma connaissance, je crois que c’est même le plus traumatique au monde.
Journaliste
Quelques secondes après l’incident, malgré la douleur, l’écarteur landais rentre en piste. Ces hommes revendiquent leur côté gladiateur, tenir dans l’arène tant que les jambes les portent.
Philippe Decazeaux
[Avec celle-là], on écarte comme il faut, c’est tout.
Journaliste
Philippe Decazeaux parle à ses apprentis gladiateurs. Il est le très respecté Professeur de l’école taurine. La course landaise n’est pas un folklore. Ces jeunes ont 16 ans. Dans les villages de Landes, cette tauromachie suscite toujours de nouvelles vocations, de génération en génération.
Philippe Decazeaux
Ça se transmet, pas de père en fils, ça c’est pas vrai parce que bon, il y en a d’autres qui arrivent. Mais il est vrai qu’on ne va pas trouver un écarteur parisien.
Journaliste
Fin du concours. Les guerriers landais sont à bout de force. Ils ont défendu l’identité de Dax, ils peuvent laisser l’arène aux toreros espagnols.